vendredi 27 mai 2011

Douce France

Olivier LE COUR GRANDMAISON (dir.), Douce France : rafles, rétentions, expulsions , Paris : Seuil / RESF , oct. 2009 : http://www.reseau-terra.eu/article9...

Parution : octt. 2009 - Éditeur : Seuil - Pages : 295 - Format : 22.00 cm x 14.50 cm - ISBN : 978-2-02-099016-5 - Prix : 19 €
Directeur de l'ouvrage

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Olivier Le Cour Grandmaison enseigne les sciences politiques et la philosophie politique à l’Université. Il a notamment publié Les Citoyennetés en Révolution 1789-1794 (PUF, 1992), 17 octobre 1961 : un crime d’État à Paris (collectif, La Dispute, 2001), Haine(s). Philosophie et politique (PUF, 2002), Coloniser. Exterminer. Sur la guerre et l’État colonial (Fayard, 2005), et, avec G. Lhuilier et J. Valluy, Le Retour des camps ? Sangatte, Lampedusa, Guantanamo… (Autrement, 2007). Contact :olivier.lecour@wanadoo.fr.
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Résumé

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« Nous connaissons les existences et les espoirs ruinés de ceux qui sont raflés placés en centre de rétention, puis forcés d’embarquer dans des avions ou des navires à destination de leur pays d’origine. Telle est la situation qui nous porte à écrire, telle est la raison d’être de ce livre : témoigner, penser, résister, autant que faire se peut. »
Élaboré avec le Réseau Éducation Sans Frontières (RESF), Douce France est un livre engagé, rédigé par des spécialistes. De façon méthodique et pluridisciplinaire, il explore la politique migratoire menée par la France. Approches historiques, sociologiques, psychanalytiques et juridiques se complètent ici pour dresser le tableau inquiétant d’une politique indigne.
Publié sous la direction d’Olivier Le Cour Grandmaison maître de conférences en philosophie et sciences politiques à l’Université d’Évry-Val-d’Essonne, il rassemble des contributions de : Marc Bernardot professeur de sociologie,Alain Brossat professeur de philosophie, Armando Cote psychanalyste, Jérôme Valluy maître de conférences, Nicolas Ferran permanent de la Cimade, Serge Slama maître de conférences, Serge Portelli magistrat, Seloua Luste Boulbina chercheuse associée, Claire Rodierchargée d’étude au Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) ainsi qu’une vingtaine de témoignages de sans-papiers.


Introduction à télécharger et à diffuser!

Texte publié ici avec l’aimable autorisation de l’éditeur et de l’auteur. © Editions seuil, 2009 - Olivier Le Cour Grandmaison, Douce France : rafles, rétentions, expulsions ; pp. 17 à 39.


Introduction par Olivier Le Cour Grandmaison:  

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L'ennemi intérieur

La France des années 2000 a vu se mettre en place une politique de contrôle censée protéger la population contre de « nouvelles menaces » – islamisme, terrorisme, immigration clandestine, incivilités, violences urbaines… – portées par un soi-disant « ennemi intérieur ». Une notion qui évoque les guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie.
S’appuyant sur une série de documents classés « secrets défense », Mathieu Rigouste met en évidence dans L’ennemi intérieur [1] une continuité au plus haut sommet de l’appareil militaire. Pour l’auteur, la guerre coloniale a constitué « une matrice institutionnelle » de la France contemporaine. Même si personne ne songe à dire que la France de 2009 est l’Algérie de 1958.






A propos de l'Ennemi intérieur

La thèse de Mathieu Rigouste soutenue en 2008  à l’université Paris 8, l’Ennemi intérieur, vient d’être publiée aux Editions La Découverte. Mathieu Rigouste a réalisé un travail de recherche sur lesreprésentations de l’immigration en France à partir d’une problématique audacieuse, originale, différente.
La figure de l’immigré qui se dégage de cette étude est celle d’un « ennemi intérieur », sorte de « cinquième colonne » comme greffée sur le corps de la société française. L’auteur, pour sa démonstration, pour sa thèse (car il s’agit là d’une vraie thèse, d’un engagement sur un point de vue, et pas d’une simple compilation prudente et savante d’archives) valorise la pensée politico-militaire à l’œuvre dans le champ intellectuel et médiatique. Dans la construction d’un système de représentations, à base militaire donc, la séquence guerre d’Algérie joue un rôle essentiel. La guerre d’Algérie, mais on pourrait ajouter aussi, la guerre d’Indochine, dont les références relativement faibles dans ce travail, auraient du être davantage exploitées.
Avec finesse, Mathieu Rigouste cherche dans les discours (« la production de contrôle ») et trouve des liens entre les imaginaires de la menace, et les théories militaires. Il se situe résolument dans le registre de l’histoire des idées, si difficile à manier, pour comprendre, situer les niveaux d’encadrement des populations étrangères sur le territoire français. Accompagnant cette pensée politico-militaire, il tente de dresser une sociologie des réseaux dominant la justification du contrôle des immigrés dans ce qu’il appelle « l’institution médiatico-sécuritaire ». Et il aboutit à la conclusion que « la guerre coloniale a constitué une matrice institutionnelle » de la cinquième République », elle est l’un des principaux « répertoires techniques » du contrôle sécuritaire.

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