lundi 14 novembre 2011

Syrie : liberté, démocratie !


Au Parlement européen le 27 octobre pour la libération  
de Madame Rafah Nached, psychanalyste syrienne !

Lors de la récente session au Parlement européen à Strasbourg était prévu le 27 octobre  un débat sur le sort de Madame Rafah Nached, psychanalyste,  emprisonnée depuis le 10 septembre par le régime syrien.
En parallèle à ce débat, l’Association de Solidarité Franco-syrienne – Alsace a organisé un rassemblement devant le Parlement entre 14 h et 17h. Le tract qu’elle a proposé a été signé par l’ATMF 67 et le comité de Strasbourg du MRAP. Le comité a informé les eurodéputés français des revendications de  l’opposition syrienne, a pris part à la distribution des tracts  aux visiteurs et a permisd’assister au  débat  grâce aux contacts avec des eurodéputés et de leur secrétariat. 

Quelques extraits du tract :
 « Le régime syrien réprime le mouvement de contestation qui secoue la Syrie depuis maintenant plus de sept mois (18 mars). On dénombre parmi la population syrienne près de 4 000 morts, plus de 22 000 prisonniers, et plus de 7 000 personnes disparues. Selon Amnesty International, il y aurait des milliers de prisonniers et plus de 2 900 morts, dont plus de 88 suite à des tortures en détention, parmi lesquels 10 étaient des enfants âgés de 13 à 18 ans».

« Nous rappelons également que Madame Rafah Nached, psychanalyste de renommée internationale, qui a tout au long de sa carrière œuvré au service des hommes et de la Syrie, est toujours détenue, comme des milliers de Syriens ».

« Le manque de décisions fortes de la part des pays les plus puissants, comme au Conseil de Sécurité de l’ONU récemment, permet au régime syrien de continuer à nous torturer et risque de mener la Syrie à sa perte…

Les Etats faisant partie du G20, regroupant les pays les plus puissants au monde, ont une responsabilité morale envers leurs peuples … Les mesures nécessaires doivent être prises, notamment au niveau du Conseil de Sécurité de l’ONU, pour protéger le peuple syrien et faire stopper les violations des droits de l’homme en Syrie ».

A l’occasion de ce sommet (G20), nous prions les chefs d’État de prendre les dispositions suivantes :

1.Soutenir le peuple syrien dans son aspiration à la liberté et la démocratie pacifique.
2
. Reconnaitre le Conseil National Syrien comme le représentant légitime du peuple syrien et l’aider à réaliser les aspirations de la révolution syrienne pacifique, ainsi que l’aider dans la mise en œuvre des moyens nécessaires pour assurer une protection internationale aux civils syriens et déserteurs de l’armée syrienne.
3. Créer une commission internationale pour enquêter sur les crimes contre l'humanité du régime syrien et obliger ce dernier à permettre l’accès à toutes les villes assiégées. Documenter les crimes commis par le régime syrien afin de traduire devant la Cour Pénale Internationale toutes les personnes qui ont commis des crimes contre le peuple syrien.
4. Contraindre le régime syrien à accepter l’entrée dans le pays des organisations humanitaires et des observateurs des Nations Unies, leur permettre l’accès direct à la population, dans une mission d’observation et d’assistance médicale aux blessés, ainsi que pallier la pénurie de médicaments.
5. Demander aux membres du G20 d’envoyer leurs ambassadeurs et/ou représentations diplomatiques dans les villes assiégées et/ou attaquées pour connaître leur situation réelle. Demander le retrait des représentations diplomatiques de ces états en Syrie en cas de refus de collaborer de la part du régime syrien.
6. Obliger le régime syrien à accepter l'entrée de la presse internationale dans toutes les villes syriennes pour relater ce qui s’y passe.
7. Fournir une aide humanitaire et des soins médicaux aux réfugiés syriens hors du pays, et demander la protection des déserteurs de l’armée syrienne et de leur famille.
8. Demander la libération immédiate de Mme Rafah Nached, Malek Kesar, Samer et Ferzet Fatouh, ainsi que des autres prisonniers syriens, retenus arbitrairement par le régime ».

A noter que dans la déclaration finale du sommet de Cannes du G20, la Syrie n’a pas été évoquée.
Le Comité National Syrien qui regroupe toute l’opposition au régime, ne demande pas d’intervention de l’OTAN et celle-ci a déclaré le 31/10 qu’elle exclut toute intervention. Le 2/11 le gouvernement syrien dit avoir accepté le plan de la Ligue arabe s’engageant à mettre fin à la répression dans le pays ;  mais le même jour il y a eu 34 nouvelles victimes.
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Revenons à Rafah Nached, dont il fut question au Parlement cet après-midi du 27 octobre !

Pour avoir des nouvelles récentes, vous pouvez cliquer sur le lien ci-dessous :
Vous y trouverez notamment un article de Mediapart du 10 octobre d’Anne Le Bihan, psychanalyste à Paris et du Collectif de l'Appel du 12 septembre pour la libération de Rafah Nached :
« Le 10 septembre, Rafah Nached, notre collègue et amie psychanalyste était arrêtée à l'aéroport international de Damas par les « services de renseignement de l'Armée de l'Air ». Elle s'apprêtait à venir à Paris, pour des raisons médicales et familiales. Du samedi 10 septembre au mercredi 14 septembre, Rafah Nached a été mise au secret et interrogée, dans des conditions extrêmement dures. A l'issue de cet interrogatoire, elle a été accusée «d'incitation au soulèvement, incitation au renversement du gouvernement et non respect de l'ordre public » et immédiatement emprisonnée à la prison pour femmes de Douma, dans la banlieue nord de Damas.
Il y a aujourd'hui un mois que Rafah Nached est privée de liberté. Depuis le premier jour, son arrestation, puis son emprisonnement, sont incompréhensibles pour tous ceux qui la connaissent et qui ont noué avec elle des liens scientifiques et amicaux, participé avec elle à des colloques et des séminaires de travail, à Paris comme à Damas.

Seule, et pas toute seule : cette formule résume sa position et son parcours professionnel. Seule, elle a quitté tôt sa famille pour étudier la philosophie à Beyrouth. Elle est ensuite venue à Paris accomplir des études de psychologie clinique et sa formation personnelle d'analyste. Ayant fait le choix de rentrer dans son pays, elle a été la première femme analyste en Syrie. Avec d'autres, elle a fondé L'Ecole psychanalytique de Damas et la revue Kalimat, pour assurer la formation des jeunes analystes et la transmission de la psychanalyse en Syrie. Elle a noué des liens scientifiques avec des psychanalystes français pour diffuser l'enseignement de la psychanalyse, comme pratique clinique et comme théorie. Elle a enfin œuvré, par un travail de traduction, pour que la « psychanalyse parle l'arabe », contribuant par là au rayonnement de son pays.
Un mois après son arrestation, les nouvelles de sa santé sont inquiétantes. Rafah Nached souffre, depuis longtemps, d'insuffisance cardiaque et d'hypertension artérielle. Ses conditions de détention sont si précaires et éprouvantes que son état de santé se détériore et s'aggrave. Dès que son lieu de détention a été connu, le 14 septembre 2011, une demande de libération sous caution pour état de santé a été déposée. Cette demande a été rejetée le mercredi 28 septembre.
Avertis de son arrestation dès le samedi 10 septembre, nous avons lancé et publié sur Médiapart L'Appel du 12 septembre pour la libération de la psychanalyste Rafah Nached. Par la suite, nous avons créé un blog où nous publions informations et signatures de soutien.
Rafah Nached est depuis toujours une figure intellectuelle et une lettrée en Syrie, et a toujours été considérée comme telle par les autorités de son pays.
Nous continuons à demander aujourd'hui sa libération définitive. Rafah Nached est innocente.
Rafah Nached fut l’objet du débat cet après-midi du 27 octobre au Parlement européen à Strasbourg. La résolution ci-dessous a été adoptée à la quasi-unanimité des 65 votants.

Résolution du Parlement européen sur le cas de Rafah Nashid en Syrie


Le Parlement européen,
– vu l'article 18 de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, …
- considérant…
 1. condamne fermement l'arrestation et l'emprisonnement arbitraires de Rafah Nashid par les autorités syriennes;
2. exprime sa plus profonde inquiétude sur la situation de Mme Nashid, étant donné son état de santé précaire;
3. invite les autorités syriennes à libérer immédiatement et sans condition Mme Nashid pour raisons médicales et humanitaires, et à garantir sa sécurité physique et son retour dans sa famille sans plus tarder;
4. exige que les autorités syriennes autorisent les organisations humanitaires et les médecins à traiter les victimes de violences, leur donnent accès à toutes les régions du pays et leur permettent de pratiquer leur activité légitime et pacifique sans crainte de représailles, librement et sans entrave, notamment sans harcèlement judiciaire; invite les autorités syriennes à respecter les normes et les engagements internationaux en matière de droits de l'homme qui garantissent la liberté d'opinion et d'expression;
5. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au secrétaire général de la Ligue arabe, ainsi qu'au gouvernement et au parlement de la République arabe syrienne.

L’eurodéputé portugais Rui TAVARES du groupe des Verts/Alliance libre européenne, qui nous a permis d’entrer, a salué dans son intervention la présence d’opposants syriens.
A la fin du débat avant de prendre l’avion, il  s’est entretenu avec la délégation.

Comité de Strasbourg du MRAP