dimanche 29 janvier 2012

Communiqué du MRAP

27 janvier 1945 – 27 janvier 2012 : anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz - Plus jamais ça !


Lors de la conférence des ministres européens de l’Éducation à Cracovie en octobre 2000, l’engagement avait été pris de créer une « journée de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité » dans chacun des États membres, à partir de 2003.

L’Assemblée générale des Nations Unies a décidé unanimement de proclamer le 27 janvier, jour anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz par les soldats soviétiques, Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste et a exhorté les États Membres à élaborer des programmes éducatifs pour inculquer la mémoire de la tragédie dans les générations futures afin de prévenir les actes de génocide.

La libération d’Auschwitz puis des autres camps de concentration révélait au monde entier les indicibles souffrances endurées par des millions d’enfants, de femmes, d’hommes, que le régime nazi et ses sbires de la Gestapo et leurs complices avaient recensés, pourchassés, arrêtés, raflés, marqués, dépouillés de tous leurs biens, d’abord en Allemagne puis dans tous les pays de l’Europe occupée.

Juifs, Tsiganes, handicapés, malades mentaux, syndicalistes, militants politiques opposés au régime, communistes, socialistes, chrétiens, protestants, catholiques, témoins de Jéhova, homosexuels, tous ont été livrés à l’esclavage et à la mort, broyés par la gigantesque machine à exploiter et à exterminer, mise au point par les hitlériens.
Auschwitz était devenu le plus grand complexe construit par les nazis, à la fois camp de travail, de concentration, camp d’extermination.
Toutes les méthodes étaient bonnes pour tuer: la faim, la maladie, les expériences médicales, le travail forcé qui alimentait la machine de guerre nazie, (une trentaine de firmes privées ou contrôlées par les SS s’y installèrent, attirées par le coût dérisoire de cette main d’œuvre captive) jusqu’à l’extermination « scientifique » qui tua le plus. Les déportés étaient gazés, leurs corps brûlés ou enterrés dans des fosses communes. Les valeurs, l’or, les bijoux, les lunettes, les vêtements, les dents, les cheveux...étaient récupérés, réutilisés pour des profits gigantesques.
Notre propos serait-il alors de banaliser l’horreur ?
Nous voulons comprendre, analyser, démonter les mécanismes de mort de l’ensemble du complexe d’Auschwitz, symbole d’une épouvantable machine d’avilissement, monstrueuse machine à tuer.
Nous voulons comprendre pourquoi cette machine à tuer n’a pu être stoppée, alors que le monde savait que le régime nazi, dès son arrivée au pouvoir, avait ouvert des camps pour y interner des opposants réels ou potentiels. Le monde connaissait les camps de concentration, les camps d’extermination.

« Plus jamais ça » .

Bien connaître le nazisme et ses conséquences relève de la formation historique mais aussi, pour une grande part du civisme. La victoire de l’humanité sur le dédale d’un monde infernal organisé par des hommes, reste précaire, jamais acquise. S’il est un enseignement à tirer des crématoires et du génocide c’est qu’il faut combattre sans concession le racisme sous quelque forme qu’il se manifeste.
 Car les tentations subsistent, hélas! dans nos sociétés , de recourir aux mêmes méthodes pour faire face aux mêmes difficultés économiques et sociales. En dehors des nostalgiques obtus, il est primordial de savoir déceler les moyens plus subtils, utilisés pour parvenir à des fins semblables.
La mythologie politique, le bouc émissaire peuvent changer ; il reste alors l’entreprise visant à diviser pour régner, en alimentant les préjugés, en suscitant l’intolérance et la haine, pour masquer les vrais problèmes et leurs causes réelles, à promouvoir des « chefs » qui pensent, parlent et décident pour vous, à entraîner enfin dans des mouvements irrationnels et inhumains des foules en désarroi. Tout fait, tout événement qui va dans ce sens risque d’être l’une des dents de l’engrenage terrible, dont l’expérience démontre à quelle vitesse surprenante il est capable de broyer la démocratie et les valeurs qui s’y rattachent .

« Plus jamais ça ! »...

Tel était le serment des déportés survivants, libérés des camps d’extermination. Leur volonté, leur avertissement exigent de nous une mémoire agissante qui se manifeste par une vigilance de tous les instants pour mettre à jour, comprendre, s’indigner, dénoncer, combattre toutes les paroles, tous les actes, toutes les décisions qui ouvrent la voie au mépris de tout ce qui est humain.

A l’heure où la « bête immonde » refait surface dans un certain nombre de pays européens, il y a urgence à réveiller les consciences et à se mobiliser contre le vent mauvais qui souffle sur l’Europe.

« Résister se conjugue toujours au présent » (Lucie Aubrac)

Paris, le 26 janvier 2011.