lundi 27 février 2012

Communiqué du MRAP

« Justice à deux vitesses » au tribunal correctionnel de Grasse : Le MRAP demande avec force la révision des procédures policières et une Justice égale pour tous

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Vendredi  24 janvier 2012 a été rendu le jugement du tribunal correctionnel de Grasse dans le procès de sept policiers, à la suite de la mort de Hakim AJIMI le 9 Mai 2008, lors d’une interpellation. Seules ont été prononcées des peines de prison avec sursis – respectivement de 6, 18 et 24 mois -  pour trois seulement des sept policiers impliqués dans une arrestation mouvementée et violente, au cours de laquelle furent appliquées compression thoracique et clé d’étranglement.

Le MRAP tient à exprimer sa solidarité à la famille AJIMI  lors de cette nouvelle étape d’un procès qui refuse que Vérité soit dite et que Justice, à la hauteur de la gravité des faits, soit rendue.

C’est grâce à la saisine de la CNDS par les sénatrices Alima Boumedienne-Thiery  et  Nicole BORVO-COHEN-SEAT, ainsi qu’au rapport de cette instance en date du 12 avril 2010, que des poursuites furent enfin engagées dans une affaire qui donne à voir de graves défaillances dans le fonctionnement de la Police et de la Justice.

Dès 2008, l’usage de la « clé d’étranglement » était clairement connu pour avoir provoqué  le 20 novembre 1998 la mort  de Mohamed SAOUD, pour laquelle la France avait été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), dans un arrêt du 9 octobre 2007. Quant à la compression thoracique, elle avait abouti à la mort par asphyxie (dans ces cas par « pliage ») de deux étrangers embarqués de force dans des avions pour être reconduits hors de France :   l’Argentin Ricardo Barrientos le 30 décembre 2002 et le Somalien Getu Hagos Mariane, le 18 janvier 20031.

Les condamnations avec sursis des trois policiers laissent un goût très amer à la famille et aux amis  de HAKIM, ainsi qu’à leurs soutiens. Elles donnent à voir une justice pour laquelle toutes les vies ne se valent pas, une police trop sûre de son immunité, une France en rupture d’égalité entre tous les citoyens, selon leur lieu d’habitation, leur origine ou leur couleur de peau.
De Grasse à Argenteuil (Ali ZIRI, 11 juin 2009), , Clermont-Ferrand (Wissam EL-YAMNI, 1er janvier 2012), Aulnay- sous-bois ( Abdel, janvier 2012), Colombes (Mamadou Marega, 29 novembre  2010) , Paris ( Lamine DIENG, 17 juin 2007), Colombes (Abou Bakari Tandia, 24 janvier 2005)…, la chaîne des morts brutales lors de contrôles de police s’allonge.
Le MRAP demande avec force une révision urgente des procédures policières et une Justice égale pour tous.

Paris, 25 février 2012.